Le président A. GINOYER prononce le discours d'ouverture de la
Conférence internationale « Lifelong Education for Sustenable Development : new challenges » organisée par l'Université de NUR SULTAN, Kazakhstan, le 28 mai 2021
1. Qui est le CMAtlv, quel est son rôle ?
Créé en 2005 par une équipe multiculturelle (France, Etats-Unis, Canada, Chine) autour de M. Yves ATTOU, sous l’égide du président de la Conférence Générale de l’UNESCO, le CMAtlv inclut tous les secteurs de la société (social, économique, culturel, académique, associatif, institutionnel…).
Vers 2004, 10 ans après la parution du rapport à l’UNESCO intitulé « L’Education, un trésor est caché dedans » établi par la Commission Internationale sur l’éducation du XXIème siècle conduite par Jacques DELORS, ces experts observent encore le cloisonnement et le manque d’accessibilité des moyens d’apprentissages et la lourdeur des systèmes freinant les innovations et la perte de sens d’une éducation populaire, non élitiste, celle qui donnerait sa chance à tout être humain. Ils constatent que les systèmes sont autocentrés et ne prennent pas suffisamment en compte la personne dans sa globalité et sa complexité d’être humain. Est laissée à la personne la responsabilité de sa progression dans la vie, sans lui proposer de moyens adéquats et surtout sans l’avoir préparée à utiliser ces moyens, à affronter et surmonter les difficultés qu’elle va inévitablement rencontrer sur sa route, pour les transformer en autant d’enseignements.
Le CMAtlv, qui s’est auto-formé de manière indépendante sous forme d’association et est composé uniquement de bénévoles, s’est donc donné pour principal objectif d’œuvrer pour que chacun, quels que soient son âge et sa condition, puisse bénéficier d’un meilleur accès aux apprentissages de toutes sortes afin de lui faciliter son inclusion durable dans la société, son existence dans la dignité et son épanouissement. Ce faisant, le CMAtlv participe à l’élaboration d’une humanité plus égalitaire, pacifique et durable. Il a décidé de soutenir toutes les initiatives allant dans ce sens et d’en promouvoir ce
Le CMAtlv, reconnu partenaire officiel de l’UNESCO depuis 2017, membre actif du Comité de Liaison des ONG-UNESCO, souhaite contribuer à l'élan des ONG pour atteindre les objectifs 2030 des Nations-Unies et s'engage résolument dans la mise en œuvre des 17 Objectifs de Développement Durable.
Le CMAtlv a également renforcé ses liens avec l’Union européenne et le Conseil de l’Europe en coopérant aux travaux menés à Bruxelles et à Strasbourg (dans la Commission Education et Culture notamment).
Depuis 2008, le CMAtlv organise périodiquement des Forums Mondiaux dans des endroits différents du Monde : deux au siège de l‘lUNESCO à Paris (2008 et 2015), un à Shanghai en 2010, un à Marrakech (2012) un à Madrid (2017) et le prochain aura lieu bientôt, les 1er et 2 juillet 2021, à Bruxelles et on line. Il a pour titre « Vers un épanouissement personnel et professionnel durable dans le contexte actuel ». Placé sous le patronage de l’UNESCO, il va aussi réunir des personnalités de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe, ainsi que des experts de différents domaines et notamment du Développement Durable. Il me paraît intéressant de vous indiquer les thèmes des 8 ateliers de réflexion qui sont prévus d’y être présentés car je pense qu’ils correspondent à des sujets d’échange et de réflexion indispensables à prendre en compte aujourd’hui et à votre préoccupation annoncée dans le programme de chercher à développer une éducation humaniste :
L’EDUCATION DEMAIN. Vous savez sans doute qu’une commission internationale d’experts, sous l’égide de l’UNESCO, travaille sur l’élaboration d’un rapport intitulé « Les futurs de l’Education ». Je vous recommande fortement de prendre connaissance du rapport d’étape, accessible sur le site, car on y voit dessinées clairement des lignes directrices qui forgeront l’éducation de demain, auxquelles le CMAtlv ne peut que souscrire ;
L’UE ET LES ATLV. L’UE déploie depuis longtemps des moyens conséquents pour le développement des compétences des ressortissants de la communauté et il est nécessaire que cette manne financière soir utilisée au mieux, c’est-à-dire avec des garanties de résultats. La directive du 22 novembre 2016 émise par la Commission européenne intitulée « Prochaines étapes pour un avenir européen durable - action européenne en faveur de la durabilité » prévoit notamment des actions concrètes en faveur de l’environnement, de l’éducation et la formation de la jeunesse, la cohésion sociale, l’emploi.
MIGRANTS : L’IMPACT DES ATLV. Il est indispensable de faciliter chez les personnes déplacées l’acquisition de compétences leur permettant de surmonter les situations de crises, de retrouver une place dans la société et d’avoir un impact positif sur leur environnement. Le CMAtlv, pour sa part, s’apprête à déposer un projet européen prévoyant la formation de personnes dans des camps de migrants, avec des expérimentations en Europe et surtout au Kurdistan Irakien.
L'INDISPENSABLE MUTATION DE l’ÉCONOMIE pour que les entreprises puissent concilier rentabilité, progrès social et respect de la planète : cet enjeu est crucial. L’entreprise doit être un lieu d’apprentissage continu pour chaque salarié, considéré non pas comme un outil mais comme une personne dans son acception la plus noble, et sans discriminations.
EGALITE FEMMES - HOMMES : OU EN SOMMES-NOUS ? car non seulement il est scandaleux que cette égalité n’existe pas encore, mais nous pensons qu’agir en faveur de cette égalité est un puissant moteur de transformation à tous niveaux.
VERS UNE SOCIETE DE L’APPRENANCE car l’apprentissage n’est plus cantonné à des lieux fermés mais ouverts, reliés, interconnectés, et en transformation constante. Partout dans le monde émergent des « Tiers-Lieux », des espaces de co-working. L’apprentissage se fait dans l’entreprise par du tutorat, et à distance, par des « MOOC », par des cours à distance, on vient de vivre cela dans cette période de pandémie. Il en restera sûrement des retombées dans l’avenir au niveau des pratiques pédagogiques.
LES SOFT SKILLS : UNE SOLUTION MIRACLE ? car, si nous sommes sûrs que les soft skills sont indispensables aux individus, et sans doute plus importantes que les savoirs techniques et formels, il est difficile d’identifier celles qui seront nécessaires à une personne à un moment donné, de les lui faire acquérir et d’évaluer ces acquisitions.
PROMOTION DE LA SANTE enfin, car, dans notre monde occidental notamment, nous n’apprenons pas suffisamment à prendre soin de nous-mêmes, nous attendons d’être malades pour nous faire soigner par d’autres
dont c’est le métier.
Durant ce Forum, sera aussi présenté le rapport « Embracing a culture of LifeLong Learning », établi par notre partenaire UNESCO Institute for LifeLong Learning, dont je vous recommande tout particulièrement la lecture. Le rapport se termine par 10 recommandation que nous pourrions tout de suite reprendre et encadrer. Et surtout mettre en œuvre !
2. Les ATLV et le Développement Durable
Les ATLV sont les savoirs que nous acquérons « du berceau au tombeau », comme disait déjà Confucius, et qui nous font progresser, prendre goût à la vie, prendre notre juste place dans la société humaine dans un contexte donné, à une certaine époque. Ce philosophe a dit aussi qu’il appartient à chacun de « travailler à devenir la meilleure version de lui-même ». Cela nous interroge sur le rôle de la société, qui ne peut pas tout faire à la place de l’individu. Les plus gros moyens mis à sa disposition ne servent à rien si l’individu ne sait pas qu’ils existent, à quoi ils peuvent servir, s’il n’y trouve pas son intérêt, s’il ne sait pas s’en servir, s’il ne voit personne s’en servir, si ça lui paraît trop compliqué, s’il ne peut pas faire un essai, s’il a peur de perdre son temps ou de se faire avoir (surtout si c’est payant) ou tout simplement s’il n’en a pas envie.
Cela doit nous interroger sur le rôle de l’enseignant : à l’heure où la quasi-totalité du savoir du monde entier est accessible sur le net en quelques clics, son utilité majeure n’est-elle pas d’aider l’apprenant à trouver ses réponses aux questions précédentes, c’est-à-dire de créer les conditions pour que l’apprenant développe son appétit d’apprendre, par les liens qu’il va créer entre cette personne et avec d’autres, par le sens qu’il va apporter à l’intérêt d’apprendre, par le développement d’une attitude tenant plus du support que de la domination ? L’enseignant devient un médiateur entre l’apprenant et les savoirs, un metteur en scène d’une situation qui va réunir plusieurs acteurs et stimuler leur désir d’apprendre et ensuite leur apprentissage grâce au sens, grâce à l’entraînement, grâce à la stimulation.
Le titre de la conférence est « Lifelong Education for Sustenable Development : new challenges ».
Dans l’acception courante, le DD renvoie à la préservation de la planète pour que les générations futures puissent y vivre en paix et dans des conditions acceptables le plus longtemps possible. Nous savons tous aujourd’hui que chacun est concerné et les attitudes du type « après moi le déluge » sont de moins en moins acceptées. Le problème est mondial, la pollution ne connaît pas de frontières. Nous savons que les pénuries en minerais, en eau, en aliments provoqueront des conflits, et les dérèglements climatiques des déplacements de populations. Comment nous y préparons-nous ?
Comme vous le savez, 193 pays des Nations-Unies ont défini en 2013, 17 Objectifs de Développement Durable pour 2030 pour, disent-ils, parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. Ces ODD répondent aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, au climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice.
Je pense que tout système et surtout d’éducation, toute entreprise, toute personne et surtout si elle est en responsabilité, devrait non seulement connaître ces ODD mais surtout agir pour leur réussite. C’est un formidable outil que chacun peut et même doit utiliser. Nous, dans la sphère éducation, nous sommes plus particulièrement concernés par l’ODD4 qui vise à : « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ».
Nous sommes encore loin du compte. L’ONU estime que 617 millions de jeunes dans le monde manquent de compétences de base en mathématiques et en alphabétisation. Et la crise sanitaire n’a fait qu’accroître les inégalités : en Afrique, sur 500 millions d’enfants scolarisés, 1 million seulement avait les moyens matériels de suivre normalement les cours à distance, puisqu’il faut un ordinateur, une connexion haut débit et les connaissances de base en informatique.
L’ Université, qui se veut à la pointe de la recherche, de la réflexion, s’appuyant sur la science et sur les humanités, doit être ouverte à ces questions, vivre dans son monde et préparer demain. Elle doit être en interconnexion avec d’autres universités dans le monde, faire des échanges de travaux, mener des chantiers communs. Les étudiants doivent être intégrés à ces expériences et recherches. Les apprentissages théoriques doivent compléter et enrichir les expérimentations. Les échanges d’étudiants doivent être beaucoup plus nombreux car la confrontation à d’autres cultures, d’autres réalités, d’autres problématiques, d’autres façons de voir le monde et d’agir sont extrêmement apprenantes.
Les principaux buts et objectifs de la conférence :
la création d’une plate-forme de discussion sur les questions les plus importantes de nature théorique et pratique du système d’éducation et de formation tout au long de la vie liées à l’identification des tendances, les fondements méthodologiques du développement du phénomène de l’éducation tout au long de la vie et de son essence humaniste; l’identification des caractéristiques de sa conception et de sa mise en œuvre;
la discussion sur l’état de l’éducation moderne kazakhe et internationale, les perspectives de leur développement et de leur interaction;
analyse des modèles de développement de l’éducation tout au long de la vie dans le système d’interaction de tous les niveaux d’éducation; éducation complémentaire, non formelle et professionnelle;
l’impact de l’environnement éducatif numérique sur la qualité de l’éducation, l’amélioration de la qualité et l’élargissement des possibilités d’éducation tout au long de la vie grâce à l’espace numérique;
l’identification de l’expérience dans la mise en œuvre de pratiques novatrices dans les sites éducatifs qui contribuent au développement du capital humain. La conférence offre des opportunités pour l’organisation de recherches interdisciplinaires internationales conjointes, l’échange d’expériences dans le domaine de la formation continue, consolidation de la communauté universitaire internationale et augmentation de la popularité des scientifiques kazakhs à l’étranger
3. Comment envisager l’impact du digital dans les systèmes d’éducation, et en mesurer la qualité, telle est une des questions que vous avez posées.
La crise sanitaire a eu cela de positif, qu’elle a obligé beaucoup d’enseignants à s’y mettre, c’est-à-dire à concevoir des programmes de formation partiellement ou totalement à distance. S’il est très clair pour tous que le « totalement à distance » est à proscrire, il est clair aussi que nous ne reviendrons pas totalement en arrière et qu’une plus grande partie des apprentissages qu’avant la crise se fera à distance, on line, en autonomie des apprenants, parfois isolément et parfois en groupes. Pourquoi ?
Ce passage au distanciel a obligé les enseignants à apprendre à mieux utiliser le numérique, mais cela est le plus facile ;
à remettre en question leur pédagogie, en se demandant ce que l’apprenant pouvait apprendre par lui-même et comment, et cela est essentiel. Quelle prise de conscience, quelle déstabilisation : je n’ai pas besoin d’être devant mon étudiant, ou proche, pour qu’il apprenne ! Je peux être un catalyseur de savoir sans transmettre directement ! Les enseignants -pour qui ce n’était pas encore le cas- se sont décentrés d’eux-mêmes pour porter leur attention vers leurs élèves !
Cette expérience a permis aux apprenants de se rendre compte des bienfaits de bénéficier d’un lieu dédié aux apprentissages, avec une communauté de professeurs généralement abordables, avec d’autres étudiants, un lieu de vie dans lequel il se passe tellement de choses, en plus des cours, et combien cette « vie » est elle-même apprenante et stimulante !
C’est pour cela que beaucoup d’élèves ont décroché et que ça a été si dur pour les étudiants. La difficulté n’est pas venue des savoirs à acquérir eux-mêmes, elle a été générée par le contexte. Et le manque de méthodologie : « comment apprendre à apprendre » de façon autonome ?
Pour en revenir aux enseignants, ce que je pense, c’est qu’il faudrait qu’on ne retrouve plus jamais dans le monde de demain ceux qui rabâchent leur cours année après année, sans aucune motivation à faire progresser leurs élèves, sans motivation pour les faire devenir. Ceux-là, en France, se défendent en disant qu’ils n’ont pas choisi ce métier pour être éducateurs. Mais peut-on totalement scinder les deux fonctions si on veut bien faire son métier et laisser une trace utile de notre éphémère passage sur cette terre au plan professionnel ? Et leur Ministère ne s’appelle-t-il pas « de l’Education » ?
Les technologies numériques offrent un outil qui, même fantastique, doit rester un outil qu’il faut apprendre à bien maîtriser. L’avenir est au développement en nombre et en qualité des formations hybrides. Même dans les régions où les technologies apparaissent comme un moyen primordial pour rendre les apprentissages accessibles à tous ceux qui en sont éloignés, la présence physique de professionnels de l’éducation s’avère nécessaire pour faire acquérir aux apprenants les savoirs de base, formels et informels, et pour accompagner les personnes dans leurs acquisitions à des moments cruciaux de leur parcours.
Toujours dans l’idée que la plupart des savoirs sont à portée de clic pour tous ceux qui sont connectés, les professionnels de la formation ont intérêt à utiliser les méthodes de pédagogie active, de découverte, de coaching pendant les heures de face à face pour :
Développer l’envie, le goût d’apprendre,
Inciter à l’autonomie en donnant des indices méthodologiques pour les recherches, des suggestions, des consignes claires pour les travaux attendus,
En favorisant les réflexions en petits groupes, y compris pour créer des méthodes,
En créant des jeux de rôles, des mises en situations d’appropriation,
Etre à l’écoute et en soutien, sans pour autant répondre aux questions que les apprenants pourraient découvrir par eux-mêmes ou les uns par les autres, pratiquer une pédagogie inductive,
Pour faire du coaching individuel, voir comment chacun se sent et évolue, accompagner cette progression dans la bienveillance,
En validant et reconnaissant les acquis à différents moments des apprentissages,
Pour enfin présenter un modèle de personne qui est elle-même en apprentissage tout au long de sa vie.
Car les professionnels doivent être eux-mêmes en démarche volontaire d’apprentissages tout au long de leur vie pour être crédibles et efficaces dans ce nouveau système.
Pour mesurer la qualité des dispositifs, je préconise de ne pas aller chercher des outils existants pour juste les implémenter mais de prévoir, avec les bénéficiaires, dès le départ de la conception du projet, les modalités de l’évaluation finale. Ces questions font partie intrinsèque de la démarche apprenante. Ce qui n’empêche pas que, dans leur démarche, les apprenants auront avantage à analyser les systèmes existants pour reprendre certains éléments en les adaptant. C’est par ce type de travaux que peuvent naître les innovations, alors que les greffes, on le sait, risquent de ne pas prendre !
4. Vous demandez aussi des informations sur « des expériences, pratiques, lieux innovants, qui favorisent le développement du capital humain ».
A Haïti, après le terrible tremblement de terre de 2010, un directeur d’école d’un village a reconstruit celle-ci avec ses élèves survivants, parfois orphelins. Concevoir les plans de l’école, estimer l’argent nécessaire à trouver, apprendre à manier la truelle, prévoir un jardin potager, trouver comment avoir de l’eau potable, déterminer les savoirs essentiels par lesquels commencer… tout a été vécu en collectif, enseignants et enfants. Même si l’on est rarement dans cette situation, et heureusement, l’idée à retenir est qu’il faut associer les parties prenantes à la réflexion sur un projet, le plus tôt possible. Il n’y a plus de problème de motivation, à l’inverse des systèmes pyramidaux qui génèrent souvent déception, démotivation, impossibilité de mise en œuvre, ou bien une obéissance passive qui n’apporte aucune valeur ajoutée.
L’action que nous prévoyons dans les camps de migrants vise à « former » des volontaires qui seront responsables de projets divers utiles à la communauté. Les principaux apprentissages qu’il devront acquérir, grâce à l’action co-construite de l’ensemble des partenaires, sont la résilience, l’empowerment, l’entrepreneuriat, puis la conduite de projet et enfin les savoirs techniques nécessaires… En échangeant sur les avancées des différents projets, les problèmes rencontrés, les résultats obtenus, les outils utilisés… naîtront à coup sûr des solutions, des enseignements impossibles à prévoir au départ. C’est ce qu’on appelle la sérendipité. Il faut y croire, de l’enthousiasme… et aussi de la méthode.
Enfin je parlerai des territoires apprenants, tiers-lieux, organisations apprenantes… dans lesquels des collectifs de personnes s’enrichissent les unes les autres dans l’horizontalité des pouvoirs. Ce ne sont pas que des lieux de ressources, mais des lieux de projet. Ils marchent quand ils naissent de la volonté des acteurs. Ils sont d’autant plus riches que les acteurs sont divers, que les valeurs et règles du jeu communes sont identifiées et respectées, et surtout que tous ont un même objectif bénéfique à la communauté et au-delà. Là encore, les apprentissages se créent à partir des questions concrètes inhérentes à ces territoires, organisations, communautés.
5. Conclusions : les axes majeurs à prendre en compte
Je dirais que nous sommes à un moment charnière de notre histoire mondiale où il nous faut reconstruire l’ensemble de notre système éducatif et ce n’est que par une démarche ouverte, globale, participative, constructive que nous y parviendrons, en replaçant l’éducation dans l’ensemble du système sociétal ;
Notre système ne doit plus laisser personne au bord du chemin, il doit faire acquérir à toute personne tous les apprentissages nécessaires pour son inclusion dans la société et sa progression tout au long de sa vie, c’est dire que l’éducation est du domaine public et donc chacun doit pouvoir prendre part au débat ; c’est accepter qu’un nouveau contrat social puisse émerger qui pourrait modifier les espaces et les temps consacrés à l’école, à la famille, au travail, aux associations, aux activités culturelles et sportives…
C’est pour les professionnels de l’enseignement et de l’accompagnement une ère nouvelle qui s’ouvre, et ils sont au cœur de leur propre transformation, ils ne doivent pas attendre les directives mais entreprendre, ensemble, ce vaste chantier de réflexion et d’expérimentation. Ils doivent travailler encore plus en interdisciplinarité, faire évoluer continuellement leurs méthodes, en utilisant le numérique, et en s’adressant à des publics de tous âges et de toutes conditions.
L’enseignement supérieur a particulièrement un rôle clé à jouer dans la société et doit aussi se transformer, avec plus d’ouverture sur le monde, moins d’élitisme et plus d’ancrage dans la société. Il doit notamment préparer les enseignants de demain à assumer le nouveau rôle que nous avons défini, et pour cela, il doit être à cette image, vivant lui-même sa propre transformation.
En conclusion, le droit à l’éducation de qualité pour tous est un droit humain fondamental, inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. Il ne faut plus confondre éducation et instruction. Mais l’éducation utile, noble, durable, inclusive, et adressée à toute personne tout au long de sa vie nécessite une transformation systémique d’envergure mondiale, et si nous voulons être au rendez-vous de 2030, il faut y mettre tout de suite les bouchées triples, chacun est détenteur d’un morceau de la clé.
Références documentaires (sur internet) :
Les futurs de l’éducation, rapport d’étape
Embracing a culture of LifeLong Learnning, par l’UIL
Le site de #Learning Planet
Le site du CMAtlv : www.cmatlv.org
Et l’ouvrage aux Editions l’Harmattan : « Les apprentissages tout au long de la vie », 12 ans d’engagement du CMAtlv
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