Article de Patrick WAELES
Vice-président du Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie.
Animateur de la Commission « Territoires Apprenants TLV ».
ONG partenaire officiel de l’UNESCO
Plus que jamais, la « planète terre » a besoin d’une convergence des consciences individuelles et collectives, alors que les défis sociétaux, économiques et environnementaux (de plus en plus portés au double niveau local et mondial), ébranlent les certitudes, remettent en question les modes de produire et de consommer, le tout sur fond de « catastrophes » écologique et humaine à venir et de « replis identitaires ».
Il s’agit alors de conforter et de développer une mobilisation « citoyenne », à « l’échelle mondiale », aux fins de faire émerger des réponses à échelle humaine et constituer « un front » pour les faire advenir dans l’intérêt de tous. Perspective résolument humaniste, mais aussi « politique ». Il s’agit d’un des enjeux stratégiques majeurs pour le XXIème siècle.
Si l’on reprend une définition communément admise, est « citoyen » toute personne qui met de côté une partie de ses propres intérêts au profit d’un intérêt général ressenti comme supérieur. Cet engagement « citoyen » s’inscrit traditionnellement au niveau des Etats, au plan local ou national. Mais il déborde de plus en plus ces « frontières » pour prendre en compte à la fois la « globalité » et la « complexité » (au sens d’Edgar MORIN) des environnements, qu’ils soient de proximité ou planétaire, les deux étant d’ailleurs intimement liés. Ainsi, cet engagement implique chacun, personnellement, en même temps qu’il responsabilise et vise à prendre toute sa force dans une dimension collective.
Au regard des contextes actuels et à-venir, trois axes interdépendants inspirent une « citoyenneté mondiale » :
- L’affirmation d’une « commune humanité » à échelle mondiale, qui renvoie « aux droits et aux devoirs fondamentaux » pour tous. C’est la déclaration universelle des droits de l’homme » (on devrait dire des humains) en actes et non plus seulement en visée. Ce qui suppose aussi la dénonciation des « injustices sociales et territoriales ».
Mais cette « commune humanité » est aussi porteuse de créativité dans la socio-diversité de ses cultures.
- La certitude de la fin d’un modèle et l’émergence incontournable de « communs » à la fois transnationaux et post-nationaux. Ces « communs » concernent toute personne, dans ce qui doit servir à tous, en éthique et équité, ceci sans être approprié par certains. Communauté de destin qui trouve son expression dans le collectif, la solidarité, la créativité, les co-constructions vertueuses et le refus de captation. Façon de « faire ensemble » comme on « fait société », et de « transformer le monde », tout en gardant les singularités indispensables au « Développement Durable ».
- La croyance en « l’éducabilité » de chacun et dans les apprentissages individuels et collectifs, tout au long de la vie. Ceux-ci seront d’autant plus efficients qu’ils s’appuient sur des environnements et des dynamiques apprenants et qu’ils visent « la dignité de penser », le respect et la reconnaissance, tout en s’inscrivant dans des « capabilités » émancipatrices et porteuses d’actions citoyennes.
C’est dans cet ensemble de champs que le CMAtlv développe ses engagements, ses activités, ses expérimentations, ses ressources et ses partenariats. Comme autant d’incitations à « une éducation à la citoyenneté mondiale », visant à conduire les apprenants à devenir des contributeurs pro-actifs pour une société plus humaniste, plus juste, visant un Développement Durable et inclusif, tant au niveau local, national et mondial ». Ainsi se dessineront de « nouveaux territoires de la démocratie ».